Le jeu vidéo a longtemps souffert d’une réputation des plus sulfureuses. Mal compris, infantilisé, diabolisé; il a régulièrement été stigmatisé par des gens le connaissant peu. Alors, comment le jeu vidéo peut-être utilisé comme outil thérapeutique?
Il est tout de même agréable de constater que ce rôle de bouc émissaire est de moins en moins d’actualité. Les temps changent, les “video game kids” d’hier sont les rédacteurs et les chercheurs d’aujourd’hui. Forts d’une meilleure maîtrise du sujet, ils en ont un regard plus juste, moins biaisé.
Ainsi, les études scientifiques remplaçant les clichés, un portrait plus objectif de ce média commence à émerger. Celui d’un formidable outil de divertissement, un moyen de s’évader, interagir, rêver…mais pas seulement.
Le jeu vidéo sera amené à être un des outils thérapeutiques de demain ?
Penchons-nous un peu là dessus… nous avons consacré cette première partie sera consacrée au thème « Guérir l’esprit »
Le potentiel du jeu vidéo intégré dans une thérapie
L’utilisation du jeu vidéo comme aide au traitement des affections mentales prend racine dans la théorie des jeux, concept introduit dès 1975.
Selon l’Université Bradley, le jeu permet aux patients de se sentir libérés des pressions quotidiennes normales. Le jeu permet de se sentir plus libre de s’exprimer, un effet donc cathartique et apaisant.
Les bienfaits des jeux vidéos pour la santé
Le jeu aide les professionnels de santé à s’attaquer plus efficacement aux troubles d’un patient, décuplant les bienfaits des thérapies. Mais de nombreux autres bienfaits insoupçonnés ont été constatés. Pour n’en citer que quelques-uns, des études (liens et sources en fin) ont ainsi suggéré que le simple fait de jouer à Tetris, les quelques heures suivant un événement traumatique, pouvait drastiquement réduire les flashbacks de celui-ci.
Une autre étude sur ce jeu a démontré que les personnes souffrant d’un trouble de l’apprentissage ont vu de courtes sessions du puzzle game les aider.
Le jeu leur a permis d’augmenter leurs performances et concentration dans des tâches qui leur étaient difficiles à cause de l’attention demandée.
Même les licences plus mainstream et décriées, comme les GTA, se sont avérées très bénéfiques pour les personnes âgées ayant joué régulièrement au jeu.
Elles ont pu maintenir un meilleur fonctionnement cognitif que celui des non-joueurs, leur permettant d’être bien plus autonomes et sûres d’elles.
L’avenir de la thérapie par le jeu vidéo ?
Cela fait maintenant près de 20 ans que l’on a du recul sur l’intégration du jeu vidéo pour aider à soulager, comprendre et diagnostiquer les troubles mentaux. Que ce soit par leur côté cathartique, rassembleur ou créatif.
Mais si la plupart des jeux peuvent avoir ces qualités, nous sommes désormais à un moment charnière dans l’histoire du jeu vidéo. Certains d’entre eux sont spécifiquement développés pour aider les utilisateurs ou mieux faire connaître le poids des maladies.
Des jeux destinés à aider les gens à développer des stratégies d’adaptation pour faire face à la maladie mentale et qui, dans certains cas, incluent dès la conception des personnes concernées par ces afflictions.
Quelques exemples de jeux reconnus dans le domaine de la santé mentale
Depression Quest : Il s’agit d’une fiction interactive dans laquelle vous incarnez une personne souffrant de dépression. Confronté à une série d’événements de la vie quotidienne, vous devez essayer de gérer votre maladie, vos relations, votre travail…
Ce jeu minimaliste mais puissant vise à mieux faire comprendre la maladie aux personnes n’en étant pas atteintes. Il montre aussi à celles souffrant de dépression qu’elles ne sont pas seules dans ce combat.
Gris : Gris est apaisant. Ce jeu vous permet d’incarner une jeune fille apprenant lentement à surmonter son deuil et à se reconstruire. Faisant la part belle à l’adresse et à la réflexion, cette magnifique métaphore vous embarque quelques heures dans un voyage élégant et sans violence sur l’acceptation de soi.
Sea of Solitude : Une aventure nuancée et intimiste dans laquelle vous incarnez Kay, une jeune femme que la solitude a changé en monstre. Vous devrez explorer ce monde, l’aider à s’ouvrir et à lutter contre ses démons intérieurs. Un jeu accessible et bien plus profond qu’il n’y paraît.
Il est en encore bien d’autres dont on pourrait parler : Papo & yo qui met en scène l’alcoolisme par les yeux de l’enfant ; An Aspie life nous faisant voir le monde comme il est perçu par certaines personnes atteintes d’autisme ou encore Bound, abstrait et vibrant, qui utilise la danse pour faire le deuil de ses traumas et préparer l’avenir.
Se mettre à la place, éduquer, apaiser, étudier… le jeu vidéo ne se doit pas d’être médecin ou médicament. C’est simplement un formidable outil par sa force narrative et son interactivité. Il permet au joueur, quelques instants au moins, de prendre son destin en main.
Mais si comprendre et calmer ses afflictions est essentiel, il serait bon également de les prévenir, et là aussi il a un rôle essentiel à jouer. A suivre…
Sources :
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.01731/full
https://www.apa.org/pubs/journals/releases/gpr-14-2-141.pdf
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32293830/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24295515/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32890384/
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2020.00036/full
https://onlinedegrees.bradley.edu/blog/how-gamification-can-be-used-in-counseling/