Quel est ton parcours et pourquoi as-tu choisi ce métier ?
J’ai un diplôme d’ingénieur en informatique de Telecom Nancy, avec en troisième année un passage à l’UQAC, l’université du Québec à Montréal, pour obtenir en Double diplôme une maîtrise de Programmation avec spécialité Jeu Vidéo.
J’ai débuté chez Artefacts Studio, un studio lyonnais de jeu vidéo où j’ai notamment travaillé comme programmeur UI principal sur le jeu Space Hulk Tactics, un jeu de stratégie en tour par tour tiré d’une licence de Warhammer 40K.
J’ai choisi ce métier parce que la création de jeu vidéo me passionne depuis tout petit. Beaucoup de métiers du jeu vidéo m’auraient intéressé, mais c’est le domaine de la programmation dans lequel je me suis dirigé, notamment parce que malgré mes efforts, mes compétences en dessin restent quasi nulles…
Qu’est-ce que tu aimes dans ce métier ?
J’aime ce métier parce que c’est un des seuls à rapprocher les sciences dites dures (maths, logique) à la création artistique. Il y a quelque chose de magique à transformer du code, qui n’est que du texte, en un objet interactif.
C’est également un métier dans lequel on est sans cesse en train d’innover, il faut en permanence trouver des solutions à de nouveaux problèmes. Je suis toujours en train d’apprendre de nouvelles choses.
Quel est ton développeur star ?
J’admire beaucoup Jonathan Blow, le créateur de Braid et The Witness. En plus d’être bon game et level designer, c’est un excellent programmeur qui inspire beaucoup ma manière de travailler. Son discours va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues dans le monde de la programmation, il considère que les techniques les plus répandues de programmation inventées pour faciliter la vie du développeur sont en fait contre-productifs (programmation orientée objet, garbage collection, etc), et allie le geste à la parole : pour son prochain jeu, il est en train de développer Jai, un langage de programmation plus adapté à sa manière de programmer.
Il fait régulièrement des démos de l’avancée de son langage, qui a l’air d’avoir des fonctionnalités très intéressantes : temps de compilation minuscules, une syntaxe prévue pour simplifier le refactoring, la possibilité d’exécuter du code pendant la compilation…
Sur quoi travailles tu en ce moment chez DOWiNO ?
Je travaille sur Sensivise, un serious game en VR destiné à sensibiliser le personnel d’instituts médico-sociaux aux différents types de déficiences visuelles et aux difficultés du quotidien qu’elles engendrent. Le joueur se déplace dans un appartement, et le casque de réalité virtuelle simule des problèmes de vision. Des activités simples de la vie quotidienne lui sont proposées, et il se rend compte bien vite à quel point on s’appuie sur sa vision en permanence, et à quel point on a du mal ne serait-ce qu’à regarder l’heure sur son radio réveil quand on est malvoyant.
Avec ce projet, je découvre les possibilités mais aussi les contraintes liées à la VR. Par exemple, beaucoup d’éléments comme les interfaces graphiques sont affichées directement en 2D sur l’écran, ce qui ne fonctionne pas en VR : tout doit être mis dans un espace 3D étant donné que le rendu est différent pour les deux yeux. Cela rend des effets comme le scotome (un problème de vision qui fait une tache au centre de la vision) plus compliqué à gérer : si on met une image au centre de l’écran, l’utilisateur le voit en double.
Pourquoi avoir choisi de rejoindre DOWiNO ?
DOWiNO est une SCOP, ce qui veut dire que les décisions importantes sont prises de manière collégiale. J’ai toujours considéré qu’un patron seul à la tête de son entreprise ne pouvait pas toujours prendre les bonnes décisions. Personne n’est expert en tout, il faut être capable d’accepter le fait qu’on peut se tromper, et que d’autres peuvent être meilleurs que nous dans certains domaines. Ainsi, le statut de SCOP est pour moi un modèle de gestion d’entreprise très sain. Je pense que ça participe beaucoup à la bonne ambiance et à la confiance qui règnent au sein de l’entreprise.
Ensuite, DOWiNO fait du Game for Change, ce qui me permet d’allier ma passion à mes convictions personnelles. La gamification est un outil formidable pour transmettre des informations et apprendre des choses. Le fait de le mettre au service de l’intérêt général, pour sensibiliser au handicap, former des étudiants ou même aider à arrêter de fumer est vraiment passionnant.
A quels jeux vidéo joues tu en ce moment ?
Je joue très régulièrement à Overwatch, qui est le seul jeu en ligne à avoir réussi à vraiment m’accrocher. J’aime à quel point les personnages ont chacun des gameplays extrêmement différents, mais tous intéressants.
Dans les sorties récentes, je joue à Children of Morta, un roguelike très inspiré de la série Diablo, mais qui possède une narration très intéressante : entre chaque partie on a droit à une petite cinématique, qui fait avancer l’histoire et nous présente un peu mieux les personnages que l’on contrôle.
Et sinon que fais-tu quand tu ne travailles pas ?
J’essaye de travailler sur des projets persos, quand j’ai le temps et la motivation après une journée de travail (autant dire pas souvent), et je fais de la musique. Je chante dans deux groupes de metal, Discypher, à Lyon et Orphans of Hekath, basé à Chalon sur Saône. Le premier a un style qui s’approche du death métal mélodique, et le second est un mélange de beaucoup d’influences, entre le post metal, le deathcore et le black metal.