Alors on vous en parle depuis le début de l’aventure, mais le son binaural, qu’est-ce que c’est exactement ? Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à tester « The Virtual Barbershop » : c’est l’une des démonstrations de spatialisation sonore les plus impressionnantes à ce jour.
Mais comment ça marche ?
Rappelons rapidement le fonctionnement de l’ouïe : le son (traduit par une vibration de l’air) passe par le pavillon de l’oreille, traverse le conduit auditif, fait vibrer le tympan qui a son tour fait vibrer les osselets (le marteau, l’enclume et l’étrier). Ces vibrations sont ensuite transmises à la cochlée qui – par le biais des cils auditifs qu’elle contient – va envoyer toute l’information sonore au cerveau via le nerf auditif.
Dans la réalité, si vous fermez les yeux et que vous vous concentrez un minimum sur ce que vous entendez, vous vous rendrez compte que vous parvenez à savoir précisément d’où provient chaque source sonore environnante. Certaines sont devant ou sur les côtés, mais aussi derrière, au-dessus, en-dessous de vous… Je suis sûr que vous seriez aussi capable d’évaluer la distance de chaque source sonore avec autant de précision.
Et bien croyez-le ou non, mais ce ne sont pas seulement nos oreilles qui permettent de repérer les sons aussi finement. La morphologie de notre crâne, avec toutes ses aspérités (menton, pommettes, front, nez, yeux… etc) va permettre de « filtrer » les sons encore différemment. Ces informations de filtrage sont envoyées au cerveau qui a alors suffisamment d’informations pour situer le son dans l’espace le plus précisément possible !
Un environnement sonore en simple stéréo ne peut pas restituer toute cette finesse de perception…
C’est là que le binaural entre en jeu
Pour faire simple, le binaural va nous permettre de restituer pour un son donné les retards de temps, les différences de niveau et les différences de filtrage d’une oreille à l’autre. C’est l’ensemble de ces différents paramètres qui permet au cerveau de localiser une source.
Le son est donc filtré différemment en fonction de sa position. Ce fameux filtre qu’on applique s’appelle HRTF pour Head-Related Transfer Function.
Nous avons donc deux défis à relever :
- Le filtrage permanent des sons en fonction des déplacements du joueur et / ou des sources sonores (par exemple un oiseau qui passe au-dessus de nous) qui vont nécessiter une grosse puissance de calcul, surtout sur mobile !
- La prise en compte de différentes morphologies crâniennes : il y existe presque autant de filtres HRTF que de formes de crânes !
Heureusement, certains organismes tels que l’Ircam possèdent et mettent à disposition d’énormes bases de données de filtres.
Pour « A Blind Legend », nous sélectionnerons quelques filtres parmi les plus répandus et proposerons aux joueurs de sélectionner celui qui leur va le mieux avant de commencer l’aventure !
Voilà, nous espérons que vous avez compris comment fonctionnait le son binaural, et surtout, l’enjeu que cela représente pour notre projet.
Porter cette technologie dans un jeu sur mobile ne sera pas chose aisée ; nous voulons y parvenir, et pour cela nous aurons besoin de vous !
Merci à Alexandre Rocca, notre super consultant technique et artistique expert en ambisonie pour nous avoir si bien vulgarisé le concept !